samedi 22 septembre 2012

Hugo - analyse approfondie du langage cinématographique

Allons-y donc pour une seconde analyse du langage cinématographique, mais cette fois, avec quelques nouveaux éléments théoriques! J'ai donc choisi Hugo de Martin Scorsese, puisque j'avais entendu beaucoup de bons commentaires au sujet de ce film. Voici donc mon analyse et ce que j'en ai pensé...


Titre : Hugo
Réalisateur : Martin Scorsese
Date de parution du film : 2011

PRÉSENTATION
Hugo est un long-métrage américain réalisé par Martin Scorsese d'après le livre L'invention de Hugo Cabret par Brian Selznick. Le film a gagné un total de cinq Oscars (wouah! ce n'est pas rien, ça!) et a reçu un score de 94% sur Rotten Tomatoes, ce qui relève du miracle (eh oui, j'ai rarement vu un résultat de plus de 30% sur ce site Web... il y a définitivement quelque chose que je ne comprends pas à propos de ce site Internet!). Hugo a également été nominé à plusieurs reprises à une dizaine d'autres galas et est lauréat de nombreux autres prix.

SYNOPSIS
Hugo raconte l'histoire d'un petit garçon assurant sa propre survie dans les rues de Paris. Il doit voler pour vivre... mais aussi pour réparer la seule chose qui lui reste de son père : un mystérieux automate. Hugo Cabret se fait éventuellement prendre la main dans le sac par Papa George, propriétaire d'une boutique de jouet. Ce vieil homme, rude et vil, cherche à oublier un passé qui, lorsque étalé au grand jour, changera la vie du petit Hugo...

ANALYSE
Plan de grand ensemble [1:00] : Plan de grand ensemble de la ville de Paris, car le champ de la caméra capte un paysage très vaste. Ce plan (qui aurait pu être qualifié de plan-séquence s'il aurait fait quelques secondes de plus!) est assez spectaculaire, car la caméra, qui filme au départ une très grande partie d'un Paris enneigé, passe dans une gare mouvementée avant de se terminer par un gros plan de Hugo.

Gros plan [2 :00] car le visage du sujet occupe le cadre en entier.


Sortie de champ [2:55] : Le personnage fait une sortie du champ de la caméra, car il sort du cadre de l'image.

Très gros plan [3 :35 à 3 :37] : La caméra filme une partie du corps en particuler ;  elle fait donc un très gros plan sur l’œil de Papa Georges.


Plan subjectif [3 :52 à 3 :55] : La caméra devient les yeux de Hugo : elle voit ce qu’il est en train de voir.

Travelling vertical [10 :13 à 10 :30] : La caméra fait un travelling vertical, car elle descend pour se rapprocher du personnage.

Travelling arrière [12:33 à 12:52] : La caméra fait un travelling arrière, c'est-à-dire qu'elle s'éloigne du sujet en direction opposée afin de dévoiler ce qui l'entoure.

Plongée [14:57 à 15 :00] : La caméra filme Hugo d'un point surélevé. L’utilisation de la plongée illustre à quel point Hugo se sent écrasé, impressionné par les statues.

Plan rapproché épaule [17:42 à 17:51] : Il y a un plan rapproché épaules sur le personnage de Hugo, car le cadre de la caméra le coupe à la hauteur des épaules.


Plan américain [25 :16 à 25 :19] : Le personnage est coupé à la mi-cuisse ; c’est donc un plan américain.

Amorce [26 :28 à 26 :34] : Le personnage de Hugo se trouve en amorce, c’est-à-dire qu’il est au premier plan, mais qu’il reste flou, car la caméra ne focalise pas sur lui.


Champ-contre-champ [28 :58 à 29 :45] La discussion entre Hugo et Isabelle se déroule en champ-contre-champ : la caméra filme les personnages en alternance lors d’un dialogue où ils ont été préalablement situés dans l’espace l’un par rapport à l’autre.


Regard hors-champ [30 :34 à 30 :37] : Le personnage fait un regard hors-champ : il regarde (et s’adresse) à un personnage qui ne se situe pas dans la portion de l’image captée par la caméra.


Effet de reflet [33 :08 à 33 :12] : L’image est reflétée dans un miroir qui occupe la majorité du champ de la caméra.

Panoramique vertical [39:40 à 39:50] : La caméra fait un panoramique vertical du bâtiment, car elle pivote sur un même axe du haut vers le bas.

Règle des tiers [42:07] Les deux personnages sont parfaitement placés sur les lignes des tiers verticales pour donner plus de dynamisme à l'image.


Split screen [46 :49 à 46 :51] Il y a au cours de cette séquence un split-screen non conventionnel, car le cadre de l’image, bien qu’il soit divisé, n’est pas séparé par une ligne claire et nette : on juxtapose plutôt le visage d’Isabelle sur les jambes des passants qui la piétine afin de montrer deux points de vue différents, mais de façon simultanée.  



Plan rapproché taille [1 :05 :45 à 1 :05 :55] : La caméra cadre le personnage de l’inspecteur au niveau de la taille : cette séquence est donc un plan rapproché taille.


Plan d’ensemble [1 :08 :28 à 1 :08 :41] : Nous sommes en présence d’un plan d’ensemble, car la caméra cadre un lieu plus restreint, mais on ne distingue toujours pas les personnages, car la caméra est située trop loin d’eux.

Contre-plongée [1 :11 :17 à 1 :11 :28] : Quand Hugo et Isabelle lisent, la caméra est placée en contre-plongée pour évoquer leur détermination, mais aussi leur supériorité face au personnage de Gilles, car ils sont en train de découvrir les secrets qu'il leur cache.


Entrée de champ [1 :12 :56 à 1 :13 :00] Les trois personnages font successivement une entrée de champ, c’est-à-dire qu’ils apparaissent dans le cadre de l’image.

Profondeur de champ [1 :27 :17 à 1 :27 :24] pendant cette séquence, la profondeur de champ est particulièrement grande, car tous les éléments de l’image sont extrêmement nets, même ceux situés à l’arrière plan.

Effet de portail [1:32:35 à 1:32:38] : Les personnages regardent un film. Il y a donc un effet de portail puisque la caméra filme une image diffusée par un appareil électrique (le projecteur).

Travelling avant [1:35:28 à 1:35:32] : La caméra se déplace entièrement vers l'avant pour s'approcher du sujet.

Travelling circulaire [1:37:05 à 1:37:15] : Ce mouvement de travelling circulaire est mélangé avec un travelling horizontal. La caméra tourne donc autour du personnage, mais elle le fait en descendant.

Travelling latéral [1:46:51 à 1:46:54]: La caméra suit horizontalement la course des personnages.


Overhead shot [1:49:53 à 1:49:57] : Overhead shot de Hugo (caméra en axe de plongée très prononcée au-dessus du sujet) alors qu'il surplombe la ville de Paris afin de montrer la rue en-dessous.


Plan moyen [1 :54 :14 à 1 :54 :33] La caméra cadre le personnage de la tête aux pieds, c’est donc un plan moyen.

Plan-séquence [1:58:12 à 2:00:04] : On garde le plan-séquence pour la fin! La caméra se faufile donc parmi les personnages pour une durée d'environ 1 minute 50 secondes sans aucune coupure. 

Panoramique horizontal [1 :59 :04 à 1 :59 :08] la caméra fait un panoramique horizontal, car elle tourne horizontalement sur un même axe.

PROCÉDÉS ABSENTS
Zoom : On n'utilise pas le zoom dans le film.

Effet d'interdépendance : Il n'y en a pas, car à aucun moment pendant le film, la caméra n'a été fixée après un personnage. Les images étaient toujours très stables, sauf à quelques exceptions près!

Caméra à l'épaule : Il n'y en a pas (pour la même raison qu'au procédé précédant).

CRITIQUE
Hugo est un film visuellement saisissant et très instructif.
Tout d'abord, j'ai adoré l'univers unique dans lequel l'histoire a lieu. C'est Paris, bien sûr, mais un Paris différent : pas tout à fait fantastique ni ancien, on ne pas exactement comment le qualifier. On retrouve des éléments steampunk (cet univers fictif industriel influencé par l'époque victorienne où on retrouve des robots et de la machinerie), mais le film ne contient pourtant aucun détail fantastique. Et franchement, j'ai adoré, car cela veut dire que Hugo est original -- eh oui, original! --, ce qui est rendu tellement rare de nos jours!
De plus, le jeu des acteurs mérite d'être souligné. Du jeune Asa Butterfield (Hugo) au légendaire Ben Kingsley (Papa Georges), tous ont contribué à rendre les personnages si crédibles. Une scène en particulier me vient en tête : quand Hugo éclate, désespéré de voir l'automate s'arrêter d'écrire. J'étais littéralement sans voix. Rien dans cette séquence n'aurait pu avoir l'air plus véridique : sa tristesse, sa colère, sa frustration... Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres! Chacun des acteurs ont su briller dans ce film -- même Sacha Baron Cohen, plus connu pour avoir tenu les rôles principaux dans Borat, Brüno et Le dictateur, fait une performance remarquable en interprétant l'inspecteur de la station.
J'ai été assez surprise de remarquer que le film était en majorité un hommage à l'histoire du cinéma. À plusieurs reprises dans le film, on parle des pionniers de la cinématographie, et particulièrement des frères Lumière. On montre même des parties de leurs films, L'arrivée d'un train en gare et La sortie des usines Lumière. On fait un ode à plusieurs procédés de création cinématographique et à certaines personnes ayant marqué l'invention du cinéma. Bref, on fait carrément un petit cours d'histoire du cinéma, mais de manière très intéressante et, heureusement, pas du tout redondante.
Cependant, à un moment donné, j'ai été déçue par la tournure de l'histoire. J'ai eu l'impression que, dès le début du film, on mettait l'emphase sur le fait que Hugo était un orphelin qui n'avait pas encore accepté la mort de son père, que le dernier souvenir qui lui restait de son paternel -- l'automate -- était de la plus grande importance pour lui. Cependant, j'ai été désappointée de voir qu'on laissait cette partie de l'histoire de côté, ou plutôt que la clé de l'énigme avait en fait bien peu d'importance, et aucun lien avec le père de Hugo. Je n'ai même pas eu l'impression que le réalisateur ait fait cela pour sortir des normes, mais plutôt comme s'il aurait tout bonnement oublié de faire un rapport avec le père de Hugo.
En bref, Hugo est un bon film. Je le reconnaîtrai toujours pour le jeu inoubliable des acteurs et l'univers originale dans lequel il plonge le téléspectateur. J'ai cependant été déçue par la tournure de l'histoire et cela diminue décidément la considération que j'ai pour ce film. Il se fondrait dans la masse des films de science-fiction pour jeunes si ce n'était de l'univers unique qu'il introduit. Je pense cependant qu'il est bon à regarder au moins une fois, car il vous fera découvrir, j'en suis certaine, des acteurs remarquables.



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